Les phobies spécifiques concernent environ 12% des adultes. Focalisées sur un animal, une situation comme dans la peur de l’avion, un environnement naturel comme dans la peur du vide, elles peuvent être prises en charge par une thérapie comportementale et cognitive, traitement de référence reconnu par la Haute Autorité de Santé (HAS).
Environ 12% de la population est concernée par une phobie spécifique au cours de sa vie, selon la Haute Autorité de Santé (HAS), en particulier les femmes qui sont 2 fois plus concernées que les hommes. C’est le trouble anxieux le plus répandu, devant le trouble d’anxiété généralisée (6%) et la phobie sociale (5%). La phobie spécifique est une peur persistante, intense et irraisonnée ou excessive, provoquée par l’exposition ou l’idée d’être exposé à une situation particulière, un objet particulier ou des animaux.
Selon le document de référence de la Haute Autorité de Santé (HAS) sur les troubles anxieux graves, une phobie spécifique est traitée par thérapie comportementale et cognitive (TCC), une psychothérapie de « désensibilisation » de 12 à 25 séances de 45 minutes environ, réalisée par un psychiatre ou un psychologue. Parmi les TCC figure notamment la thérapie par réalité virtuelle. Toujours selon la HAS, « aucun médicament n’a apporté la preuve de son efficacité » pour traiter une phobie spécifique. De manière ponctuelle, un anxiolytique peut être prescrit sur une courte durée quand l’anxiété du patient est exacerbée.
À noter qu’il existe plusieurs centaines de phobies spécifiques classées en 4 catégories par le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM), la classification internationale des troubles mentaux :
¤ les phobies animales comme la peur des araignées ou celle des serpents ;¤ les phobies liées à l’environnement naturel comme la peur des hauteurs ;¤ les phobies situationnelles comme la peur de l’avion ou celle d’être enfermée ;¤ les phobies sang-injection-accident, notamment peur des procédures médicales.
Les causes des phobies spécifiques sont difficiles à identifier. Les connaissances scientifiques actuelles ne permettent de déterminer l’origine des phobies. Il existe une part génétique à la survenue des troubles anxieux sans qu’il existe un gène de la phobie qui se transmettrait de génération en génération. À ce terrain génétique s’ajoutent les évènements de vie, qui vont constituer une vulnérabilité au développement des phobies.
Les répercussions d’une phobie spécifique sont plus ou moins importantes selon la personne. Pour un ophiophobe, les stratégies d’évitement comme ne pas voyager dans une région avec des serpents suffit à réduire l’anxiété sans altérer la vie personnelle et professionnelle. En revanche, un agoraphobe aura des difficultés à éviter la foule avec pour conséquences une tendance à l’isolement social et des attaques de panique à l’idée d’être exposée à l’objet de sa phobie.
Afin de mieux identifier les symptômes et traitements existants, vous trouverez ci-dessous une présentation des phobies spécifiques les plus répandues.
La claustrophobie est une phobie spécifique de type situationnelle. Ce trouble anxieux a pour origine une peur d’être enfermée avec pour conséquence l’impression d’étouffer quand le claustrophobe se trouve dans un endroit clos ou confiné. Environ 5% de la population adulte souffre de claustrophobie au cours de sa vie, c’est donc l’un des troubles anxieux les plus courants.
Par exemple, une personne claustrophobe redoute de prendre le métro, l’ascenseur ou l’avion. Mais se trouver dans une petite pièce ou l’idée de s’y rendre peut aussi générer une intense anxiété voire des attaques de panique. Dans ces situations, d’autres symptômes sont observés tels que des difficultés à respirer, des palpitations, des tremblements ou encore des bouffées de chaleur.
Le traitement de la claustrophobie repose sur la thérapie comportementale et cognitive (TCC), selon la HAS. C’est l’approche la plus utilisée à ce jour. Comme pour les autres phobies spécifiques, il n’existe pas de médicament pour soigner la claustrophobie.
Environ 20% des voyageurs ont peur en avion, selon l’association internationale du transport aérien (IATA) et 4% souffrent d’aérodromophobie. De fait, cette phobie spécifique de type situationnelle est l’un des troubles anxieux les plus répandus et elle touche autant les femmes que les hommes.
Les craintes exprimées en cas d’aérodromphobie sont multiples : la peur des turbulences, de l’accident, la peur de ne rien contrôler ou encore la peur de l’inconnu quand on n’a jamais pris l’avion. Une personne qui souffre de la peur des hauteurs, l’acrophobie ou de claustrophobie est susceptible d’être aérodromphobe. À noter que la peur de l’avion peut apparaître progressivement ou suite à une mauvaise expérience en vol.
La peur de l’avion a 2 conséquences : refuser de prendre l’avion ou se retrouver face à une intense anxiété quand la personne doit prendre ou à l’idée de prendre l’avion – difficultés à respirer, bouffées de chaleur, vertiges, voire subir une attaque de panique.
La thérapie comportementale et cognitive (TCC) est le traitement de référence pour la peur en avion. Comme pour les autres phobies spécifiques, il n’existe pas de médicament pour soigner l’aérodromophobie. En complément, des compagnies aériennes proposent des stages d’une journée pour « apprivoiser l’avion ».
La peur des hauteurs, souvent appelée peur du vide, est une phobie spécifique liée à l’environnement naturel. Elle touche 2% à 5% de la population, en particulier les femmes qui sont 2 fois plus touchées que les hommes. À la différence du vertige qui a une origine physiologique due un dysfonctionnement de l’oreille interne à traiter avec un ORL, la peur du vide fait partie des troubles anxieux.
Un acrophobe a peur dans toutes les situations en hauteur, de gestes anodins comme monter à une échelle pour changer une ampoule ou se rendre sur une terrasse jusqu’à la pratique de sports comme le ski alpin.
La personne évite toutes les situations en hauteur et si cela lui est impossible, elle ressentira des effets angoissants voire des attaques de panique. Cette phobie peut enfin avoir des effets physiques comme des tensions articulaires due à une hyper-vigilance permanente.
L’acrophobie est traitée par une thérapie comportementale et cognitive (TCC). La personne est progressivement confrontée à sa peur, d’abord en pensant au vide jusqu’à se rapproche d’une fenêtre, le tout accompagné d’un psychiatre ou d’un psychologue. Il n’existe pas de médicament pour soigner la peur du vide et des hauteurs.
L’agoraphobie s’explique par la peur des lieux dans lesquels il serait difficile d’obtenir des secours en cas de malaise. Cette phobie spécifique de type situationnelle qui touche environ 3% de la population adulte, dont 2/3 de femmes pour un tiers d’hommes, n’est ni une peur de la foule (démophobie) ni une phobie sociale liée à la peur du regard de l’autre.
L’agoraphobie se développe entre 20 et 30 ans pour devenir une véritable source de problème entre 30 et 45 ans ainsi que chez les personnes âgées. Elle apparaît le plus souvent à la suite d'un événement personnel ou professionnel traumatisant.
Une personne agoraphobe craint ce qui pourrait arriver dans des lieux publics fréquentés, confinés, isolés ou éloignés du domicile. En fonction de la personne, les lieux et situations concernées sont différentes, par exemple :
¤ le métro, le bus, un embouteillage, un magasin pour les endroits fréquentés ;¤ un ascenseur, une salle de réunion ou sur une autoroute pour les lieux confinés ;¤ à la montagne, dans le désert ou un endroit isolé ou sans présence humaine.
Dans ces situations, l’agoraphobe va adapter ses comportements comme changer ses horaires, son itinéraire, se faire accompagner ou alors éviter les lieux qui engendrent son anxiété. Quand cela est impossible, l’agoraphobie donne lieu à des attaques de panique avec pour principaux effets une accélération du rythme cardiaque, des vertiges, tremblements ou une sensation d’étouffement.
Le traitement de référence de l’agoraphobie est la thérapie comportementale et cognitive (TCC), comme pour les autres phobies spécifiques. En traitement complémentaire, sont indiqués l'hypnose et la relaxation ainsi que la pratique d’un sport en réponse aux attaques de panique.
L’arachnophobie est la phobie spécifique liée à la peur des animaux la plus répandue avec 5% de la population adulte concernée. La personne arachnophobe va surévaluer le risque de danger par rapport à l’animal. Comme pour les autres phobies animales, les femmes sont davantage touchées que les hommes.
L’arachnophobie et les phobies animales sont un héritage de notre instinct de survie quand telle ou telle espèce représentait une plus grande menace dans le passé, ou un héritage culturel avec l’idée que l’animal véhiculait une maladie. C’est pourquoi les peurs irraisonnées de certains animaux ne sont pas liées à leur dangerosité réelle.
L’arachnophobe va éviter ou vérifier les lieux où il est susceptible de rencontrer des araignées. La vue de l’animal ou d’une toile d’araignée voire l’idée d’y penser, déclenche entre autres, une anxiété intense avec des cris, des pleurs ou des difficultés à respirer.
La thérapie comportementale et cognitive (TCC) est le traitement indiqué pour surmonter une peur des araignées ainsi que celles d’autres animaux. La personne va être progressivement exposée à sa phobie et apprendre des techniques de relaxation avec l’objectif de s’habituer ou d’éliminer sa peur.