Thérapie cognitive et comportementale 2.0, la thérapie par réalité virtuelle utilise les mêmes principes comme l’exposition à l’objet de la peur. L’objectif est le même : apprendre de nouveaux comportements pour surmonter le trouble anxieux.
Le patient met un casque de réalité virtuelle (VR). Pendant 15 minutes environ, il va se confronter à sa peur du vide. L’objectif du jour consistera via un environnement numérique à déambuler sur un balcon situé au 23e étage. Regarder à 360°, bouger, saisir un objet, la thérapie par réalité virtuelle permet d’interagir comme lors d’une exposition réelle et avec l’immersion qui manque à certains patients lors d’une exposition par imagination.
Apparue au milieu des années 1990, la thérapie par réalité virtuelle (TRV), également appelée thérapie par exposition en réalité virtuelle (TERV), est de plus en plus utilisée dans la prise en charge des troubles anxieux. Son efficacité est avérée pour les phobies spécifiques, l’état de stress post-traumatique (ESPT ou PTSD en anglais) et la phobie sociale.
Cela s’explique par la nature du traitement. La TRV qui est une thérapie cognitive et comportementales (TCC), reprend les mêmes principes comme l’exposition graduelle, l’utilisation de la relaxation et une collaboration étroite entre le thérapeute et son patient. Et l’objectif est identique, à savoir la « désensibilisation » par l’apprentissage de nouveaux comportements adaptés afin de surmonter sa peur.
Comme pour la thérapie cognitive et comportementale, le thérapeute cherche d’abord à identifier les objectifs du patient et à établir une bonne relation de travail. Il va également réaliser une analyse fonctionnelle afin d’identifier, les situations déclenchantes et les réactions engendrées en termes d’émotions, de pensées et de comportements. Les premières séances servent ainsi à vérifier que la thérapie par réalité virtuelle (TRV) est le traitement adéquat.
La TRV est une thérapie courte de quelques mois. En fonction du trouble anxieux, elle comporte une vingtaine d’exercices de mise en situation en réalité virtuelle. Au fil des séances, via un casque de réalité virtuelle, le patient est progressivement exposé à l’objet de sa peur dans un environnement numérique adapté à sa phobie.
Le patient classe les exercices par niveau de difficulté au début puis au cours de la thérapie. Cette méthode participe à l’exposition graduelle et à la personnalisation de la prise en charge.
¤ Au cours de l’exposition, le patient évalue sur une échelle de 0 à 10 son anxiété lors de la confrontation à l’objet de sa peur. Pour que cette mise en situation soit efficace, il doit patienter jusqu’à ce que l’anxiété diminue de moitié. Cette cotation est subjective.¤ Au cours d’une exposition en réalité virtuelle, l’évaluation de l’anxiété peut être complétée par des mesures physiologiques et comportementales. C’est l’un des apports de la TRV, suivi de la température corporelle, de la conductance cutanée, du rythme cardiaque, du mouvement oculaire ou encore du rythme respiratoire, le thérapeute peut suivre en temps réel ces indicateurs grâce aux capteurs. L’évaluation de l’anxiété est ainsi affinée et l’exposition sera ainsi adaptée afin d’améliorer le traitement.
Une thérapie par réalité virtuelle (TRV) n’est ni un jeu vidéo ni une vidéo en 3D. Afin d’atteindre l’objectif thérapeutique, les environnements numériques d’une TRV, sont conçus avec les médecins.
Peur du vide, peur de l’avion, peur de l’enfermement ou PTSD, pour chaque trouble anxieux, il faut concevoir un environnement et des exercices spécifiques. Les environnements intègrent aussi de l’interactivité – le patient est acteur et non pas spectateur. À cette condition, l’exposition a une efficacité comparable à l’exposition réelle pratiquée dans les autres thérapies cognitive et comportementale (TCC).
Deuxième prérequis : l’environnement numérique est une version assez simplifiée de la réalité pour ne pas pénaliser le patient d’un point de vue de la généralisation. Par exemple, si on crée dans les moindres détails un ascenseur pour apprendre à un phobique de ne plus le craindre, il s’habituera à cette ascenseur-là, et non pas aux ascenseurs en général. Par ailleurs, une immersion dans un environnement sans trop de détails participe à réduire l’anxiété du patient lors de l’exposition.
Le succès repose aussi, sur le degré d’immersion, à savoir le sentiment de présence. L’environnement numérique est pensé pour que le patient croit aux images « comme si c’était vrai » et qu’il parvienne à s’immerger et à interagir dans ce monde virtuel en oubliant qu’il est dans le cabinet du thérapeute.
Thérapie cognitive et comportementale (TCC) 2.0, la thérapie par réalité virtuelle (TRV) applique les mêmes principes.
La TRV a ses spécificités voire des avantages par rapport à une TCC classique.
¤ L’approche est moins stigmatisante. Certaines personnes sont réfractaires à la consultation chez le psychiatre. Pour d’autres, notamment les plus jeunes, ce sont les traitements traditionnels qu’ils jugent non adaptés. L’utilisation d’un environnement numérique est une solution ludique et jugée plus valorisante chez certaines personnes.¤ La mise en pratique est facile. L’exposition réelle peut être difficile à réaliser dans certaines phobies comme la peur de l’avion. Elle peut aussi être plus douloureuse pour une personne en état de stress post-traumatique (ESPT ou PTSD) ou gênée à l’idée de montrer son anxiété en public. Aussi, la TRV est parfois utilisée comme une étape avant l’exposition réelle.¤ Le contrôle de l’exposition est total. Avec la réalité virtuelle, tous les facteurs générateurs de stress, sont paramétrables. Par exemple, le thérapeute peut choisir la hauteur d’un balcon en fonction de la réaction de stress de l’utilisateur. Par ailleurs, les mesures physiologiques et comportementales en temps réel aident le thérapeute à affiner la progression du patient ou à anticiper une crise de panique en cours d’exercice.
Vous envisagez une thérapie par réalité virtuelle pour traiter votre trouble anxieux ? Compte tenu du succès grandissant de cette approche et de la multiplication des dispositifs proposés, pensez toujours à vérifier que le traitement proposé remplit les critères détaillés plus haut.